Le Centre des Congrès de Pointe-à-Pitre vibre au rythme des débats intenses et des discussions passionnées lors du 18e Congrès des élus de Guadeloupe. Au cœur de cet événement, Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer, s’exprime avec vigueur sur les enjeux et les contradictions de cette assemblée. André-Jean VIDAL du Karib’Info eu l’occasion de l’interviewer pour recueillir ses impressions et ses perspectives.
André-Jean VIDAL : Monsieur Lurel, vous avez exprimé des critiques sévères à l’encontre de l’organisation de ce congrès. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Victorin Lurel : Le 18e congrès, tel qu’il est organisé par le président Losbar, est inacceptable, tant sur la forme que sur le fond. Nous ne faisons pas de l’opposition systématique, mais nous refusons de cautionner un congrès qui ne répond pas aux attentes et aux besoins réels de la population guadeloupéenne. En quittant le Congrès, nous laissons les autres travailler entre eux, mais nous continuons à poursuivre nos propres objectifs, comme l’a demandé le président de la République.
AJV : Quels sont ces objectifs, précisément ?
Victorin Lurel : Nous poursuivons une proposition d’écriture constitutionnelle à négocier avec la Martinique, la Guadeloupe et le gouvernement, quel qu’il soit. Ce congrès actuel ne sert à rien, il est contradictoire et cautionné par des académiciens et universitaires qui ne comprennent pas la réalité locale. On nous parle de l’identité législative et du rapport de force politique, mais en vérité, il y a une propagande énorme, financée pour convaincre les Guadeloupéens que ce n’est pas une mauvaise chose.
AJV : Pouvez-vous détailler les aspects de cette propagande que vous mentionnez ?
Victorin Lurel : Oui, on nous fait croire que nous pouvons gérer localement des aspects comme le statut de résident, le foncier, la préférence locale pour l’emploi, l’immigration, et même un statut fiscal spécifique. Mais tout cela est basé sur des rêves et des fausses promesses. La Guadeloupe est très mal informée, et il y a une véritable campagne de désinformation financée pour manipuler l’opinion publique. Cette désinformation est, selon moi, une véritable trahison des intérêts guadeloupéens.
AJV : Que proposez-vous en alternative ?
Victorin Lurel : Nous proposons une véritable réforme constitutionnelle, en concertation avec les autres territoires ultramarins et le gouvernement, pour obtenir des avancées concrètes et réalistes. Il ne s’agit pas de rêver, mais de construire un avenir solide pour la Guadeloupe. Il est essentiel que les Guadeloupéens soient bien informés et qu’ils participent activement aux décisions qui les concernent.
Le Congrès des élus de Guadeloupe continue, avec des discussions qui promettent de rester animées et cruciales pour l’avenir de l’île. Les voix critiques, comme celle de Victorin Lurel, rappellent l’importance de la vigilance et de la réflexion dans la quête d’un futur meilleur pour tous les Guadeloupéens.