Le 21 février 2024, l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon a marqué un moment émouvant, rappelant l’importance de la lutte contre l’oppression. Missak Manouchian, un résistant reconnu pour son engagement contre le nazisme, n’a pas directement combattu pour l’abolition de la peine de mort, mais son héritage inspire la lutte pour les droits humains et la justice. Pendant ce temps, dans les Caraïbes, la pratique de la peine de mort persiste, contrastant avec les valeurs de liberté pour lesquelles les Manouchian se sont battus. Des pays comme Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, et la Jamaïque maintiennent cette sentence, avec des méthodes d’exécution qui varient selon les législations locales.
Dans la région des Caraïbes, la question de la peine de mort reste un sujet complexe et diversifié. Alors que certains pays ont aboli ou suspendu cette pratique, d’autres continuent de l’appliquer, voire de chercher à l’intensifier.
La peine de mort dans les Bahamas :
Un exemple frappant est celui des Bahamas, où la peine de mort est non seulement légale, mais le pays a également voté contre un moratoire mondial sur les exécutions en 2007. La dernière exécution remonte à l’an 2000, mais le gouvernement actuel semble déterminé à reprendre les exécutions.
La peine de mort à Cuba :
À Cuba, la situation est quelque peu différente. Bien que la peine de mort soit légale, le pays est considéré comme “abolitionniste de fait”, car il n’y a pas eu d’exécutions depuis 2003. La Constitution cubaine de 1940 abolit la peine de mort pour les civils, sauf dans des cas exceptionnels tels que la trahison ou l’espionnage en temps de guerre.
La peine de mort dans les autres pays de la caraibe :
Plusieurs autres pays des Caraïbes, notamment Antigua-et-Barbuda, Barbade, Belize, Dominique, Guyane, Grenade, Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Trinité-et-Tobago, maintiennent la peine de mort et ont même commencé à se détacher du Comité judiciaire du Conseil privé pour faciliter les exécutions.
La persistance de la peine de mort dans la région des Caraïbes peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Certains pays de la région, notamment anglophones comme la Jamaïque, Trinité-et-Tobago et le Guyana, maintiennent la peine capitale en raison de l’opinion publique favorable à cette mesure. Par exemple, en Trinité-et-Tobago, où le taux d’homicides est élevé, un sondage a montré que 91 % des citoyens étaient en faveur de la peine de mort
Les politiciens de certains pays rétentionnistes des Caraïbes affichent également publiquement leur soutien à la peine de mort, arguant qu’elle a un effet dissuasif sur les crimes violents. Cependant, des études ont montré que la dissuasion n’est pas le principal motif du soutien à la peine de mort dans la région. En réalité, une fois confrontées à des cas pratiques et à des informations supplémentaires, la plupart des personnes interrogées changent d’avis sur leur soutien à la peine capitale
Par ailleurs, certains pays rétentionnistes des Caraïbes font face à des défis tels qu’un trop grand nombre d’affaires à traiter, un programme de protection de témoins inadéquat, des capacités médico-légales insuffisantes et des retards dans le traitement des preuves. Ces obstacles peuvent contribuer à des violations du droit à une procédure régulière et à des délais équitables lors du traitement des affaires et des appels pour les personnes condamnées à mort
La peine de mort dans les Caraïbes reflète une mosaïque de législations et de pratiques, où l’histoire, la culture et la politique jouent un rôle prépondérant. Alors que le monde évolue vers l’abolition de cette pratique, les Caraïbes restent un terrain de contrastes et de débats passionnés sur le sujet.
Jean-Yves FRIXON