Gestion de la Piste Aéroportuaire et Sécurité : Une Défaillance Inadmissible à Pôle Caraïbes

L’aéroport Pôle Caraïbes, qui prétend offrir un service digne des plus grands hubs internationaux, est à nouveau au cœur de la tourmente, cette fois pour une gestion plus que discutable de sa piste d’atterrissage et, de manière plus large, pour une série de manquements graves à ses obligations de sécurité et de service.

Le 20 août 2024, une dégradation minime de la piste, découverte lors d’une inspection de routine, a suffi à paralyser les atterrissages pendant plusieurs heures. Cet incident, bien que temporaire, met en lumière un problème de fond : comment est-il possible qu’une piste rénovée il y a seulement deux ans soit déjà sujette à des défaillances répétées ?

Si cette piste avait cédé lors d’un atterrissage, les conséquences auraient pu être tragiques, mettant en péril la vie de centaines de passagers. Cette situation est d’autant plus inacceptable qu’elle impacte gravement les compagnies aériennes, dont les opérations ont été perturbées, entraînant des coûts additionnels et des retards qui affectent non seulement leur activité économique, mais aussi leur image de marque.

En effet les compagnies aériennes, comme Air Antilles, ont dû réorganiser leurs vols, subir des retards et faire face à une insatisfaction croissante de leurs clients. Pour les compagnies, cela signifie des coûts supplémentaires, une perturbation de leur programme de vols, et potentiellement une perte de confiance de la part de leurs passagers. À l’échelle régionale et internationale, la réputation de l’aéroport en tant que plaque tournante fiable est mise en jeu.

Mais ce n’est pas tout. Ce manque de rigueur dans la gestion des infrastructures de l’aéroport Pôle Caraïbes ne se limite pas à la piste d’atterrissage. Un incident récent, survenu lors de l’arrivée triomphale de Teddy Riner, champion olympique, il y a à peine une dizaine de jours, en est une preuve flagrante. Ce jour-là, la sécurité laissait manifestement à désirer. Nombreux sont les journalistes accrédités pour assister à la conférence de presse qui se sont vus refuser l’accès à la dernière minute. Le service de communication de l’aéroport a invoqué un prétexte étonnant : il y avait, selon eux, trop de monde dans la zone internationale. Un argument curieux pour un aéroport qui se veut « international », censé gérer sans difficulté l’affluence dans de telles circonstances.

Plus préoccupant encore, ce jour-là, nous avons pu observer des passe-droits flagrants. Des individus sans carte de visiteur ont été autorisés à pénétrer dans la zone internationale, bénéficiant d’une complicité évidente de certains employés de l’aéroport. Il est apparu clairement que des salariés faisaient passer en douce leurs proches – frères, cousins, tantes – pour qu’ils puissent approcher Teddy Riner à sa sortie de l’avion, au mépris total des règles de sécurité. Rappelons que l’accès à cette zone doit faire l’objet d’un contrôle strict, sans exception, afin d’assurer la sécurité de tous.

Ce n’est pas la première fois que la sécurité de l’aéroport Pôle Caraïbes est mise en cause. Rappelons l’incident rocambolesque survenu en 2020, lorsqu’un passager clandestin a réussi à s’introduire dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air France au départ de cet aéroport, pour effectuer un vol de 1650 kilomètres jusqu’en Guyane. Ce miracle de survie, où l’homme a résisté au froid et à l’altitude extrême pendant plus de trois heures, a mis en lumière de graves défaillances dans les contrôles de sécurité à Pôle Caraïbes. Comment un individu a-t-il pu franchir tous les contrôles, accéder au tarmac et se cacher dans le train d’atterrissage d’un avion sans être détecté ?

Rappel des faits avec notre reportage de terrain en 2020 – ETV NEWS

Au-delà des risques pour la sécurité, cette gestion inadéquate a un impact économique significatif. Les compagnies aériennes, comme Air Antilles, ont dû réorganiser leurs vols, subir des retards et faire face à une insatisfaction croissante de leurs clients. Pour les compagnies, cela signifie des coûts supplémentaires, une perturbation de leur programme de vols, et potentiellement une perte de confiance de la part de leurs passagers. À l’échelle régionale et internationale, la réputation de l’aéroport en tant que plaque tournante fiable est mise en jeu.

Au-delà de ces incidents, il reste beaucoup à dire sur la gestion déplorable de l’aéroport Pôle Caraïbes : l’entretien des lieux est insuffisant, la gestion du prix du parking exorbitant, et la sécurité générale est pour le moins préoccupante. Pour rappel cet aéroport est une infrastructure en partie détenue par la Chambre de Commerce de Pointe-à-Pitre et les collectivités locales telles que la Région Guadeloupe.

Pour un aéroport qui se veut un modèle en matière de service et de sécurité, ces multiples dysfonctionnements sont tout simplement inacceptables. Il est urgent que des mesures soient prises pour remettre cet aéroport sur les rails et restaurer la confiance des usagers et des professionnels du secteur.

Jean-Yves FRIXON

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