Vie chère aux Antilles : Le Groupe Parfait lève le voile sur les aides publiques et les marges

« Nous ne sommes pas des profiteurs », affirme Robert Parfait Directeur Général du Group Parfait devant les sénateurs. Lors d’une audition fleuve devant la commission d’enquête du Sénat sur l’utilisation des aides publiques, le Groupe Parfait — poids lourd économique de la Martinique et de la Guadeloupe — a ouvert ses livres et répondu sans détour aux critiques sur la vie chère, les aides reçues et la transparence du secteur de la grande distribution.

Une entreprise familiale devenue incontournable

Créé en 1967, le Groupe Parfait est un acteur majeur dans les secteurs de la grande distribution (enseignes Leclerc), de l’automobile (Jaguar, Land Rover, BMW), de l’immobilier et de l’industrie. Avec 1 500 salariés et un chiffre d’affaires de 678 millions d’euros, il concentre une part importante de l’économie antillaise.

Un demi-siècle d’entrepreneuriat aux Antilles

Le Groupe Parfait est né en 1967 en Martinique, sous l’impulsion d’Yves Parfait, artisan visionnaire qui débute dans la menuiserie aluminium avec seulement quatre salariés. Rapidement, l’entreprise se diversifie et s’étend au secteur automobile en 1972 avec les marques Opel et Volkswagen, puis intègre progressivement Mitsubishi, Kia, Mercedes et Seat. En 1989, elle entre dans la grande distribution avec la création de La Galleria, le premier centre commercial d’envergure aux Antilles. Porté par un esprit familial et entrepreneurial, le groupe se structure au fil des décennies autour de quatre pôles majeurs : l’automobile, l’immobilier, l’industrie, et la grande distribution (sous l’enseigne Leclerc). Présent aujourd’hui en Martinique et en Guadeloupe,

Des aides « faibles » par rapport au chiffre d’affaires

En 2023, le groupe a perçu 1,55 million d’euros d’aides publiques, soit à peine 0,05 % à 0,07 % de son chiffre d’affaires selon les secteurs. Robert Parfait précise que la majorité des aides concernent :

  • L’aide à l’emploi : 292 000 €
  • Le mécénat : 105 000 €
  • Les économies d’énergie : 6 950 €
  • La LODEOM : 127 583 €
  • Le crédit d’impôt pour investissement (CPI): 72 380 €

« Nos marges sont modestes, entre 1 % et 3 % dans la grande distribution. La rentabilité est faible, et nous maintenons 79 emplois dans un magasin fermé, à perte, pour ne pas abandonner nos salariés. »

Des aides trop lentes et trop complexes

Le Groupe Parfait pointe la lourdeur administrative, notamment dans le traitement des aides FEDER par la CTM. Il affirme avoir dû attendre plus de 3 à 5 ans pour percevoir certaines subventions, décourageant parfois les demandes futures.

La transition énergétique freinée par le système

Le groupe souhaitait investir 12 millions d’euros dans des panneaux photovoltaïques. Mais entre l’absence d’aide directe et une surprime d’assurance de 260 000 €, le projet est gelé.

« Les aides à la transition énergétique sont trop restrictives. Il faut repenser leur logique pour les rendre réellement efficaces dans les DOM. »

Marges, prix et vie chère : la transparence sur la table

Sous pression, Robert Parfait a révélé un taux de marge globale de 24,5 %, avec une marge avant à 20 % et des remises de fin d’année à 4,5 %. Il insiste : le groupe respecte scrupuleusement l’accord signé avec l’État pour baisser de 8 à 10 % les prix sur 69 produits de première nécessité, malgré l’attente des baisses de TVA et d’octroi de mer promises.

« La vie chère ne vient pas des marges abusives, mais des frais d’approche. Importer un conteneur d’eau à 1 700 € coûte 5 500 € de fret : le prix est déjà triplé avant d’arriver sur nos quais. »

Le Sénat exige plus de transparence

Le rapporteur Fabien Gay, tout en saluant la transparence du groupe Parfait, demande que toutes les entreprises ultramarines déposent leurs comptes et détaillent leurs marges.

« L’opacité organisée sur un marché restreint alimente la défiance. La transparence sur les aides et les marges est une condition indispensable pour restaurer la confiance. »

Et maintenant ?

L’audition du Groupe Parfait illustre la complexité des mécanismes d’aides dans les Outre-mer. Elle pose des questions cruciales : comment mieux cibler les aides ? Comment accélérer leur versement ? Et surtout, comment alléger le poids des frais d’approche pour enfin rendre la vie moins chère aux Antilles ?

« Nous sommes prêts à être davantage contrôlés s’il le faut. Mais il faut aussi que l’État tienne ses engagements. »

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